17 mars 2011
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31 mars 2010
4 minutes
20:35
jeudi 25 mars
Allemagne - 2006
Durée : 110 min
Titre Original : Vier minuten
Showview : 474651
Depuis soixante ans, Traude Krüger enseigne le piano à des détenues. Quand elle rencontre Jenny, jeune femme incarcérée pour meurtre, elle comprend immédiatement qu'elle a affaire à une musicienne prodige. Passionnée par le talent de la jeune fille, Traube veut la préparer pour le Concours d'entrée du Conservatoire. Mais la jeune femme, violente et suicidaire, est réfractaire à la moindre discipline. Obstinée, la vieille Traude Krüger ne désarme pourtant pas...
Le film a-t-il subi des modifications? Si oui, quels ont été les gros changements durant ces huits années?
Pas en terme de scénario. L'histoire a été écrite en huit semaines à peu près. Seuls quelques changements mineurs ont été effectués. Même la scène finale était déjà claire dans ma tête à cette époque. Bien sûr le casting a bouleversé la donne. A l'origine nous devions tourner avec Jeanne Moreau. Le personnage de la vieille dame qu'elle devait incarner était celui d'une française, une ancienne collaboratrice. Avec Jeanne Moreau dans le rôle principal, le budget du film était bien plus conséquent. Son départ a tout bouleversé. Il a fallu faire avec.
- Dans l'un de vos entretiens, à propos de la photographie de la vieille dame qui vous a inspiré cette histoire, vous disiez que "la vérité est dans le regard de celui qui observe". Cela rejoint le regard que Traude porte sur Jenny, elle voit en elle autre chose que la condamnée, que la femme violente. Elle voit en elle une musicienne prodige et une femme blessée également. Pourriez-vous développer cette notion du regard sur l'autre?
Cela arrive tout le temps en fait. En ce moment nous avons ensemble cet entretien. Bien sûr je ne sais pas ce que vous allez dire mais déjà je regarde qui vous êtes, je vous regarde en tant que personne. Je ne veux pas seulement comprendre votre question mais aussi comprendre ce qui vous intéresse. Tout le monde, même dans un laps de temps très court, essaye de voir derrière, au-delà de son interlocuteur. Vous essayer de voir en moi à travers votre question. Bien sûr le personnage de la vieille femme a une image à elle de la jeune fille. Cette image est toujours sélective. ça veut dire que, combien même cette vision que peut avoir Traude de Jenny est véridique, cette vision n'est qu'une partie de ce que la jeune fille est vraiment. Cela rend les choses difficiles pour chacun d'entre nous. Vous avez déjà un point de vue sur moi, ce qui est certainement légitime, mais vous ne me connaissez rien d'autre sur moi, vous ne savez pas si je suis un salaud par exemple. C'est cela qui est compliqué dans la vie. Ne pas connaître entièrement les gens. Cela mène parfois à l'incompréhension voire au conflit. C'est certainement la raison pour laquelle Jenny entre en conflit avec Traude car la vieille femme ne veut voir en Jenny que le prodige, et non pas la femme violente ce qu'elle est également. C'est ce que je voulais dire à travers cette citation. A partir de la photographie de la vieille femme je me suis construit ma propre vision, ma propre vérité sur le personnage. C'est facile pour moi, je suis devant une photographie, il n'y a pas de réponse. Mais entre deux personnes cette notion devient intéressante, très fructifiante. Ce que voit Traude en Jenny est un fait, elle est douée et prodigieuse pour la musique. Pourtant Traude ferme les yeux sur tout le reste. A partir de là on peut construire une véritable histoire car il y a conflit entre les points de vue. La vérité n'est pas dans un seul point de vue mais dans tous les points de vue.
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